Comment établir un plan de trésorerie prévisionnel ?

En bref : 

• Un solde positif aujourd’hui ne garantit rien demain : anticipez avec un plan prévisionnel.
• Rentabilité ≠ Trésorerie : vous pouvez être rentable et en faillite faute de cash.
• Un plan prévisionnel projette vos flux (encaissements – décaissements) mois par mois sur 12 mois.
• Encaissements : CA facturé – délai client réel. Une facture n’est pas du cash.
• Décaissements : salaires, loyer, fournisseurs, TVA, impôts, investissements.
• Solde du mois = Solde précédent + Encaissements – Décaissements. S’il devient négatif = découvert.
• Cinq pièges à éviter : oublier la TVA, surestimer les encaissements, oublier les investissements, négliger les délais fournisseurs, laisser le plan statique.
• Mettez à jour chaque mois : données réelles + ajustez les mois suivants + identifiez les zones rouges.
• Automatisez avec un ERP ou un outil spécialisé : moins d’erreurs, plus de visibilité.
• Sans plan = pilotage à l’aveugle. Avec plan = anticipation des problèmes avant qu’ils deviennent critiques.

Qu’est-ce qu’un plan de trésorerie prévisionnel, exactement ?

Un plan de trésorerie prévisionnel (aussi appelé tableau de trésorerie ou prévisionnel financier) est un tableau qui projette vos flux de trésorerie – c’est-à-dire vos encaissements et décaissements – sur une période donnée (généralement 12 mois). Son objectif : visualiser, à l’avance, comment évoluera votre solde de trésorerie et votre trésorerie nette.

Contrairement au compte de résultat (qui mesure votre rentabilité), le plan de trésorerie mesure la liquidité réelle de votre entreprise. Un projet peut être rentable sur le « papier » et vous mettre en faillite faute de trésorerie. Inversement, vous pouvez avoir des pertes comptables temporaires et rester à flot grâce à vos encaissements.

La différence est primordiale :

• Rentabilité = Vous gagnez de l’argent sur vos activités.
• Trésorerie = Vous avez de l’argent en banque pour survivre. C’est votre santé financière réelle.

Sans trésorerie, pas de survie. Sans rentabilité, pas de futur. Vous avez besoin des deux. Mais la trésorerie est plus urgente.

Pourquoi utiliser un tableau de trésorerie ? Les objectifs d’un plan de trésorerie

Les objectifs du plan de trésorerie sont simples mais vitaux pour votre équilibre financier :

• Anticiper les difficultés financières et les besoins financiers. Un gros client qui paie avec 60 jours de délai ? Une facture fournisseur importante qui arrive avant les encaissements ? Un investissement prévu ? Le tableau de trésorerie vous le montre à l’avance. Vous pouvez alors mettre en place un plan de financement, négocier les délais, ou ajuster votre stratégie plutôt que de subir un découvert bancaire.
• Prendre des décisions éclairées. Faut-il vraiment recruter maintenant ? Peut-on se permettre de remplacer tout le parc informatique ? Le suivi de trésorerie vous dit : oui ou non, et pourquoi. C’est une aide à la décision précieuse.
• Rassurer vos partenaires. Si vous demandez un prêt ou une ligne de crédit, votre banquier vous demandera un prévisionnel financier de trésorerie. C’est du sérieux et un outil indispensable pour négocier.
• Gérer la croissance sans vous planter. Grandir, c’est bien. Grandir de manière contrôlée, c’est mieux. Une croissance trop rapide sans trésorerie disponible suffisante vous étouffe. Le plan de trésorerie vous permet de croître intelligemment en visualisant votre situation financière future.
• Identifier votre besoin en fonds de roulement (BFR). Comprendre combien de liquidités votre entreprise doit conserver pour fonctionner sans tension.

Les éléments d’un plan de trésorerie : structure et composition

Un bon plan de trésorerie se décompose en trois sections qui forment votre ventilation mensuelle : les encaissements, les décaissements, et le solde de trésorerie.

1. Les encaissements (entrées d’argent)

C’est ce que vous encaissez réellement en banque, pas ce que vous facturez. Les encaissements sont l’une des deux faces de votre bilan de dépenses et recettes.

CA encaissé du mois = CA facturé ce mois-ci, moins le délai de paiement client. Si vous facturez 10 000€ en janvier avec 30 jours de délai, vous l’encaissez en février.

Les différents types d’encaissements prévus :

• Ventes au comptant (e-commerce, restauration, commerce)
• Paiements clients à 30, 60, ou 90 jours
• Autres revenus (prestations annexes, locations)
• Financement (prêt, apport personnel, levée de fonds)

Le piège classique : confondre CA facturé et CA encaissé. Une facture n’est pas du cash. Attendez toujours plus longtemps que prévu pour encaisser.

2. Les décaissements (sorties d’argent)

C’est tout ce qui sort de votre compte bancaire. Les décaissements prévus constituent l’autre face de votre équilibre financier.

Les dépenses prévues et charges récurrentes :

• Salaires et charges sociales (généralement le plus gros poste)
• Loyer/location
• Fournitures et matières premières
• Abonnements, assurances, électricité, bref tout frais de fonctionnement récurrent
• Impôts et taxes (dont TVA, IS, cotisations)

Les dépenses ponctuelles :

• Investissements (équipement, informatique, véhicules)
• Remboursement de dettes
• Achats de stocks exceptionnels

Ici aussi, prudence face aux décalages : lorsque vous réglez vos fournisseurs à 30, 45 ou 60 jours, la sortie d’argent ne correspond pas au mois de la facture, mais à celui du paiement effectif.

3. Le solde de trésorerie et la trésorerie nette

Solde du mois = Solde du mois précédent + Encaissements – Décaissements

C’est le chiffre qui compte vraiment. C’est votre trésorerie nette. S’il devient négatif, vous êtes en découvert bancaire.

Comment faire un budget prévisionnel de trésorerie ?

Voici les étapes à suivre pour construire un plan de trésorerie efficace.

Étape 1 : Collecter les données historiques

Commencez par regarder vos 6 à 12 derniers mois. Quel a été votre CA moyen ? Quel est votre délai de paiement client réel ? Vos dépenses prévues mensuelles ? Ces données historiques sont votre point de départ pour construire un budget prévisionnel fiable.

Étape 2 : Projeter vos encaissements prévus

Prenez votre prévisionnel de CA pour les 12 prochains mois. Appliquez-y vos délais de paiement réels. C’est ici qu’on bâtit les encaissements et décaissements de votre modèle.

Exemple simple :

• Janvier : CA facturé 20 000€
• Délai client : 30 jours
• → Encaissement février : 20 000€

Si vous avez plusieurs types de clients avec des délais différents, segmentez : 50 % payent comptant, 30 % à 30 j, 20 % à 60 j.

Étape 3 : Projeter vos décaissements prévus

Listez toutes vos charges mensuelles fixes. Puis ajoutez les charges variables (matières premières, proportionnellement au CA). Intégrez les investissements prévus, les remboursements de dettes, les impôts (TVA, IS).

Attention : les salaires et charges sociales, ce n’est généralement pas le mois où vous travaillez, mais le mois suivant ou celui d’après selon votre cycle de paie.

Étape 4 : Calculer le solde mois par mois

Pour chaque mois, calculez : Solde précédent + Encaissements et décaissements = Nouveau solde.

C’est fastidieux à la main. C’est pour ça qu’un tableur (Excel, Google Sheets) ou un outil de business plan devient indispensable dès qu’on gère plusieurs lignes. Un modèle de plan au format Excel peut grandement simplifier ce travail.

Étape 5 : Identifier les périodes critiques

Regardez où votre solde devient négatif ou trop faible (moins de 15 jours de charges, par exemple). Ce sont vos zones rouges. C’est là qu’il faut agir : chercher un financement, négocier les délais, ou reporter des investissements.

Quels problèmes peut résoudre un plan de trésorerie ?

Un plan de trésorerie bien structuré prévient plusieurs problèmes :

• Éviter la trésorerie négative et le découvert bancaire imprévu. Vous anticipez simplement en projetant vos flux. Pas de surprise déplaisante au moment où vous découvrez que vous n’avez plus d’argent.
• Anticiper le besoin en fonds de roulement (BFR). Vous savez précisément combien de liquidités votre entreprise doit conserver pour fonctionner sans tension.
• Identifier les ajustements budgétaires nécessaires. Vous voyez où se créent les tensions et vous pouvez agir : négocier des délais fournisseurs, relancer les clients, ou réduire certaines dépenses.
• Sécuriser votre recrutement. Vous savez précisément quand vous pouvez vous permettre un nouveau salaire. Pas de recrutement prématuré qui aggraverait vos difficultés financières.
• Investir au bon moment. Acheter du matériel quand côté trésorerie c’est tendu, c’est se mettre en péril. Le plan de trésorerie vous dit quand c’est viable.
• Éviter la croissance incontrôlée. Vous avez un gros client qui arrive ? Super. Mais pouvez-vous vous permettre les matières premières et les investissements associés ? La trésorerie disponible vous le dit.

Les pièges courants à éviter dans la gestion de trésorerie

• Piège 1 : Oublier la TVA. La TVA, c’est l’argent des clients que vous versez à l’État. Elle sort de votre compte bancaire, même si elle n’est pas une charge pour votre compte de résultat. Ne l’oubliez pas dans votre ajustement budgétaire.
• Piège 2 : Surestimer les encaissements. Les clients paient rarement à la date prévue. Ajoutez 10-15 jours de marge. Mieux vaut être pessimiste et agréablement surpris si finalement ils paient à l’heure.
• Piège 3 : Oublier les investissements prévus. Vous avez prévu d’acheter un équipement en Q3 ? C’est maintenant qu’il faut l’intégrer au plan, pas une semaine avant.
• Piège 4 : Un plan de trésorerie statique. Vous le faites une fois et vous l’oubliez. Faux. Mettez-le à jour chaque mois. Les données réelles remplacent les prévisions, et vous projetez les mois suivants. C’est un outil vivant, pas une feuille morte.

Comment suivre sa trésorerie mensuellement : du plan à l’action

Un plan de trésorerie sur 12 mois, c’est une feuille de route. Mais vous devez le mettre à jour chaque mois pour en assurer l’efficacité et maintenir votre gestion de trésorerie à jour.

Chaque fin de mois, procédez ainsi :

1. Entrez les chiffres réels (encaissements et décaissements du mois)
2. Comparez avec le prévisionnel (écart positif ou négatif ?)
3. Ajustez la projection pour les mois suivants selon la réalité
4. Identifiez les zones rouges (trésorerie disponible faible) qui demandent une action immédiate

Cet exercice prend 30 minutes si vos données sont bien organisées. 30 minutes bien investies qui peuvent sauver votre entreprise en vous permettant d’anticiper les difficultés financières avant qu’elles ne deviennent critiques.

Les outils pour automatiser votre plan de trésorerie

Vous pouvez faire votre plan en Excel. Mais dès que votre activité se complexifie (plusieurs types de clients, plusieurs sources de revenus, besoin de visualiser votre situation financière en détail), l’automatisation devient essentielle.

Les ERP modernes (Sage, Cegid, Odoo, QuickBooks) intègrent un module de trésorerie qui exporte vos données comptables automatiquement et vous aide à faire un budget prévisionnel fiable. Les outils spécialisés (Agicap, Fygr, Cash-Lab) vous permettent de centraliser vos flux, de visualiser votre trésorerie de votre entreprise à 3, 6, 12 mois en temps réel, et de recevoir des alertes automatiques dès que vous risquez une trésorerie négative ou une tension.

Ces solutions constituent un outil indispensable pour :

• Centraliser tous vos encaissements et décaissements en un seul endroit
• Automatiser les calculs et éliminer les erreurs manuelles
• Visualiser votre situation financière de manière claire et visuelle
• Recevoir des alertes sur les seuils critiques (trésorerie < 15 jours de charges)
• Générer des tableaux de trésorerie automatiquement

L’avantage : vous gagnez du temps et éliminez les erreurs de calcul. Mais l’outil n’est que le servant. C’est votre compréhension du plan qui crée la vraie valeur.

Ce qu’il faut retenir

Un plan de trésorerie prévisionnel, c’est simple à comprendre mais exige de la discipline pour le maintenir à jour. C’est l’outil qui transforme un dirigeant réactif (qui découvre ses problèmes trop tard) en un dirigeant proactif (qui les anticipe et les résout avant qu’ils ne deviennent critiques).

Sans plan de trésorerie, vous pilotez à l’aveugle. Avec, vous avez de la visibilité. Et avec la visibilité, vous prenez les bonnes décisions au bon moment.

Chez Philix, nous aidons les dirigeants de TPE/PME à structurer leur suivi de trésorerie : prévisionnel fiable, alertes automatiques, reporting mensuel clair. Si vous voulez reprendre le contrôle de votre cash-flow, parlons-en.

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